Bio
Gérard Staron est né en 1962 à Alger. Il a grandi en France entouré des œuvres de son grand-oncle Henry Caillet, peintre du début du 20ème siècle.
Fin 2013, après 23 ans passés dans l’informatique, il a décidé de s’investir totalement dans la photographie. Il a participé de 2014 à 2023 à de nombreuses manifestations nationales et internationales.
Il a animé en 2020 un workshop sur la construction d’une série en photographie plasticienne au centre pour la photographie du Château de l’Hom à Gaillac.
Démarche artistique
Gérard Staron interroge la perception du réel à travers le medium photographique.
Du à son procédé mécanique où l’intervention humaine est limité, on attribue généralement à la photographie les propriétés suivantes :
La photographie, preuve du réel :
En 1945, André Bazin écrit dans Ontologie de l’image photographique : « L’originalité de la photographie par rapport à la peinture réside donc dans son objectivité essentielle. Aussi bien, le groupe de lentilles qui constitue l’œil photographique substitué à l’œil humain s’appelle-t-il précisément «l’objectif». Pour la première fois, entre l’objet initial et sa représentation, rien ne s’interpose qu’un autre objet. Pour la première fois, une image du monde extérieur se forme automatiquement sans intervention créatrice de l’homme, selon un déterminisme rigoureux. La personnalité du photographe n’entre en jeu que par le choix, l’orientation, la pédagogie du phénomène ; si visible qu’elle soit dans l’œuvre finale, elle n’y figure pas au même titre que celle du peintre ». « Les virtualités esthétiques de la photographie résident dans la révélation du réel. Ce reflet dans le trottoir mouillé, ce geste d’un enfant, il ne dépendait pas de moi de les distinguer dans le tissu du monde extérieur ; seule l’impassibilité de l’objectif, en dépouillant l’objet des habitudes et des préjugés, de toute la crasse spirituelle dont l’enrobait ma perception, pouvait le rendre vierge à mon attention et partant à mon amour. »
Selon Roland Barthes, dans « La chambre claire », la photographie est le seul système de représentation à avoir un référent « nécessairement » réel. Au contraire de la peinture et de la littérature qui, quant à elles, n’ont qu’un référent « facultativement » réel ou chimérique. « Dans la Photographie, je ne puis jamais nier que la chose a été là », écrit Barthes, jetant par là les bases de son concept, le « ça-a-été. selon Barthes, la photographie est la trace tangible d’un objet, qui est venu déposer son empreinte sur la surface sensible, grâce aux rayons lumineux émanant de son corps.. Roland Barthes considère la photographie comme un enregistrement intégral du réel, comme un calque qui restituerait parfaitement son référent. Il avance alors qu’elle fonctionne comme un document attestant de ce qui a été. Ou quand la photographie se définit comme une « preuve » du réel ou un « certificat d’authentification »
La photographie, image de l’instant :
« Une photographie est pour moi la reconnaissance simultanée, dans une fraction de seconde, d’une part de la signification d’un fait et, de l’autre, d’une organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment ce fait » écrivait Cartier-Bresson.
Avec l’invention de la photographie, le temps de création de l’image s’est considérablement réduit par rapport à la peinture. S’il restait encore suffisamment long pour ne pas figer le mouvement dans les premiers temps, l’invention de l’obturateur et l’évolution des émulsions ont permit de figer l’instant à une infime fraction de seconde.
L’image photographique serait donc l’impression d’une scène à un instant précis, le choix de cet instant pour représenter la scène étant l’instant décisif.
Sortir du carcan :
Gérard Staron cherche à transcender ces deux concepts issus de l’usage mécanique du procédé photographique.
Exit la photo vérité et l’instant décisif. Le sujet n’est plus ce qui est photographié mais ce qui est montré.
Si le peintre peut directement exprimer son inconscient sur la toile, le photographe est lui prisonnier du procédé mécanique. Pour exprimer ce qu’il recherche, Gérard Staron utilisera donc l’inconscient du spectateur qui interpretera alors l’image qu’il a sous les yeux.
Pour nous amener à le suivre, Gérard Staron fait appel à nos références culturelles et sociales pour donner vie aux apparences, à travers nos biais cognitifs.
Dans ses photographies, Gérard Staron joue avec les sens, sens de l’image et sens du spectateur.
Cette démarche permet de construire des images plus universelles et initie un dialogue entre l’auteur et le public.
La photographie est un jeu : amener le spectateur là ou il le souhaite, déjouer les attendus ou les provoquer, partager les émotions, jouer avec les procédés, jouer de soi et des autres .
Influences :
Pour le formalisme, Raymond Depardon, Bernd et Ille Becher, Bernard Plossu
Pour la démarche : Jeff Wall, Stephen shore, Joan Fontcuberta, Andreas Gursky, Taryn Simon