Cette série, réalisée de 2013 à 2017, témoigne d’un temps lointain où la mer devenait à peine accessible et faisait rêver, un littoral encore relativement vierge, un bord de mer décrit en lumière et reflets par les impressionnistes.
Les bains de mer questionnent sur la mémoire et le décalage à la réalité. Nos souvenirs de cette époque sont constitués d'images rapportées par les peintres, donc interprétées et dans le fond et dans la forme.
J'ai donc choisi un medium qui par son rendu agit sur la perception à l'instar de la peinture : Le polaroid, par son absence totale de piqué, par la diffusion des couleurs procure les même impressions que la peinture.
Le polaroid est déjà un appareil ancien dans notre mémoire et par là même est associé au passé, et participe donc à raccrocher ces images pourtant récentes à un imaginaire du passé.
Dans les dernières images de la série (Que le spectacle commence !), j'ai souhaité accentuer le décalage avec la réalité en mettant en scène des dispositions qui n'existent pas dans la réalité.
NB : Il ne s'agit pas ici d'une tentative de rejoindre le défunt courant des pictorialistes, qui niait la particularité du medium photographique et ajoutait au procédé des actes manuels censés redonner un statut d'œuvre à un procédé industriel. Au contraire, c'est ici la particularité du medium qui donne du sens à l'image.